Au départ, il y a la maison de Livia, la troisième épouse d’Auguste, et ses peintures murales qui ont beaucoup impressionné Renée-Paule Danthine, une sorte de jardin idéal mêlant toutes saisons. Et puis, il y a les murs de Rome que l’artiste a découverts en parcourant la ville, sur lesquels le temps a passé, passe encore…
Si l’exposition « En Suspens » de 2015 célébrait le présent, celle-ci nous rend sensible au passage du temps. Ici, plus de papier marouflé ! Pour ce thème, l’artiste peint sur toile à l’huile, utilise de la cire, des pigments. Le tableau se construit patiemment par couches successives présentant des textures différentes. La couleur y est reine, travaillée jusqu’à obtenir l’intensité souhaitée, les oppositions recherchées.
Les murs de la ville ont été façonnés par les hommes, marqués par les intempéries. Les peintures se sont délavées, ou parfois par contraste apparaissent d’une grande fraîcheur. Les présences vivantes s’estompent comme ces oiseaux des villas romaines ou ces silhouettes humaines qui s’éloignent jusqu’à disparaître. Les poules, les grives, les grenades sont avalés dans la pâte du temps. Des signes écrits s’effacent. Pourtant, ici ou là, une feuille, un rameau de lierre témoignent de la vigueur de la vie.
Renée-Paule Danthine réserve le même traitement aux murs anciens ou aux plus récents. La transparence s’impose, le passé affleure. Et voilà le spectateur qui touche du doigt le temps qui passe encore et toujours. C’est comme si l’artiste par son travail égratignait la surface de la toile, creusait le temps révélant les âges anciens. La toile devient le mur, le mur témoin de notre histoire.
M. Saint Siffre